Seuls les plus naïfs en seront surpris. En échouant sur RT France, l’antenne française de RT, anciennement Russia Today, chaîne de déstabilisation politique du Kremlin, Frédéric Taddeï ne signe pas là un virage néo-droitier mais se situe au contraire dans la droite ligne de ce qui a pu être engagé pendant la décennie au sein de laquelle il a pu animer l’émission Ce Soir Ou Jamais successivement sur France 3 et France 2.

Plateaux télés aux invitations qui pour certaines, nous allons le voir, eurent bien du mal à cacher des relations politiques parfaitement détestables, notamment celles à relier au journal rouge brun L’Idiot International auquel Frédéric Taddeï fut lié de près.
Selon le communiqué de presse de RT France, Frédéric Taddeï animera quatre tranches « d’une heure où alterneront actualité culturelle et débats de société ».

Cité dans le communiqué, Frédéric Taddeï fait savoir que « dans un paysage télévisuel sinistré, où les intellectuels, les chercheurs, les savants, les contestataires n’ont plus la parole et où les vrais débats ont totalement disparu, c’est la seule chaîne de télévision qui m’ait donné carte blanche pour faire ce que je faisais dans Ce soir (ou jamais) : des émissions intelligentes, sans parti pris, dans lesquelles on pourra discuter de tout, entre gens qui savent de quoi ils parlent, qu’on ne voit pas ailleurs, et qui ne sont pas d’accord entre eux ».

Des émissions “intelligentes“, c’est lui qui le dit! Voyons donc à quelle intelligence s’adresse Frédéric Taddeï en présentant Alain de Benoist aux téléspectateurs sur son plateau le 17 janvier 2011 en compagnie du fasciste Alain Soral:
« Alain de Benoist, vous avez été le principal animateur d’un courant de pensée que l’on appelait dans les années 70 La Nouvelle Droite, vous êtes l’auteur d’une cinquantaine de livres dont le célèbre Vue de droite, une anthologie critique des idées contemporaines, qui a reçu le grand prix de l’académie française en 1978, le dernier vient juste de sortir, il s’intitule Des animaux et des hommes. »

Une présentation du personnage pour le moins complaisante, voire élogieuse, taisant totalement aux téléspectateurs le fait qu’Alain de Benoist soit un fasciste, dont le courant d’extrême droite se nommant “La Nouvelle Droite“, pour mieux brouiller les pistes, n’appartient en rien au passé et est toujours en activité!

Alors que Dominique Venner peut être considéré comme le principal individu à l’origine de la Nouvelle Droite, celui qui l’incarnera le plus aux yeux d’un grand nombre sera Alain de Benoist. A partir du milieu des années 80 alors que Dominique Venner s’est peu à peu mis en retrait, c’est lui qui va devenir le seul maître à bord, bien que plus jeune que Venner, il est issu du même milieu ultra-radical: pro-Algerie française, membre de la FEN puis d’Europe Action, ils côtoiera même les artisans de la stratégie de la tension en Italie comme Pino Rauti, le fondateur d’Ordine Nuevo (l’un des responsables des attentats de la piazza Fontana, de la piazza Della Logia et de la gare de Bologne, totalisant 105 morts et plus de 380 blessés). Les membres du Gladio (réseau terroriste du “stay behind” italien soutenu par la CIA) sont alors friands des méthodes de “guerre contre-subversives” et de “conflits asymétriques” des coloniaux français.

Alain de Benoist va entreprendre de mener plus loin encore la conquête des esprits par la bataille culturelle du GRECE en brouillant les pistes et en investissant des terrains idéologiques peu encore explorés par le GRECE et la Nouvelle Droite, au nombre desquels le tiersmondisme et l’écologie.


En 1988 Alain de Benoist lance la revue “Krisis” qui se veut une “revue d’idées et de débats” et dans laquelle il n’aura de cesse de draguer des personnalité de “la gauche”, et ce, avec succès. On sait qu’un article de Bernard Langlois a été publié avec l’accord de ce dernier qui ira même jusqu’à l’assumer dans une réponse au Canard Enchaîné où il défend que de Benoist et sa revue ne sont pas d’extrême-droite. Mais on verra également apparaître Jean-François Khan, Jean Luc Melenchon, Jean-Paul Jouary, Ignacio Ramonet, Gisèle Halimi…

Alain de Benoist parviendra à se faire inviter en 1991 dans le n° 13 de la Revue trimestrielle du MAUSS (Mouvement Anti-Utilitariste dans les Sciences Sociales) et à se lier avec Alain Caillé son secrétaire général. Dès décembre 1989 on trouvait déjà Alain Caillé dans le n°4 de Krisis ainsi que Serge Latouche, autre membre du MAUSS dont l’ouvrage “L’Occidentalisation du monde” avait déjà été salué dans les notes bibliographique du n°2 de la revue (avril 1989) mais aussi dans le n°145 de la revue de Denis de Rougemont déjà évoquée “Diogène” (janvier 1989), puis on l’y retrouvera par exemple en 1992 dans le n°12 consacrée à l’argent où l’on trouve pèle-mêle des articles de Bernard Langlois (le fondateur d’ATTAC et co-fondateur de Politis), Jacques Juliard (ancien de la CFTC puis de la CFDT, éditorialiste au Nouvel Observateur, on notera sa collaboration avec la revue personnaliste Esprit dans les année 60) et Serge Latouche.

L‘émission “Ce Soir Où Jamais” a-t-elle participé à alimenter la matière conspirationniste sur les sites d’hébergement de vidéo en ligne? En quoi l’extrême droite a-t-elle pu trouver en cette émission d’une tolérance infinie à l’endroit des rouges bruns, des antisémites et des fascistes, un gage de respectabilité télévisuelle, elle qui n’a pourtant de cesse de critiquer les médias tout en y étant toujours fourrée dessus? Le passage de Frédéric Taddeï au journal néo-droitier l’Idiot International a-t-il pu impacter la nature de ses plateaux sur cette émission du “service public”?

Pourquoi cette émission a-t-elle été tant défendue par l’extrême droite?

Dans le journal « Politis » du 13 octobre 2011, Frédéric Taddeï déclarait, en toute modestie, « L’animateur crée la liberté d’expression »

Il oubliait simplement de préciser à ce journal de « gauche » qu’il s’agissait de la liberté d’expression pour les fascistes, les antisémites et les racistes qu’il invite régulièrement à son émission sous prétexte que ces pauvres types ne seraient pas invités ailleurs ou alors… qu’ils sont aussi invités dans d’autres émissions !!! Quelle cohérence dans l’argumentation !

Sous prétexte que ses invités sont suffisamment prudents pour ne pas tenir de propos antisémites, négationnistes, racistes ou fascistes qui auraient fait l’objet de condamnations suite à leur passage DANS SA SEULE EMISSION, Frédéric Taddeï fait venir régulièrement chez lui des fascistes (Soral, Renaud Camus), des racistes (Nabe, Milet, Soral, Renaud Camus) et des antisémites patentés (Soral, Dieudonné, Renaud Camus, Nabe) dont les liens avec l’extrême droite sont notoires. (sans parler de Michel Collon, Etienne Chouard, Jean Bricmont, Alain de Benoist, etc,…)

Marc-Édouard Nabe eût droit à un dispositif particulier, sans contradicteur.

Il n’est pas indifférent de rappeler que ce triste sire a collaboré à la revue « L’Idiot International » de Jean-Edern Hallier, publication qui lui permit de côtoyer tout un tas de canailles de la Nouvelle Droite, de littérateurs d’extrême droite mais aussi de la gauche social-patriote ou social-nationaliste…

Sur l’Idiot International
Journal animé par Jean-Edern Hallier entre 1969 et 1994, qui soutint les maos au départ puis se livra à toutes sortes de provocations, dignes de la presse de caniveau.

Comme l’écrivait la revue Mauvais Temps en 1999 : « Cet hebdomadaire était un véritable laboratoire idéologique où, sous couvert d’anti-américanisme, d’anti-mitterrandisme, d’anti-sionisme, on redonnait des couleurs neuves à l’antisémitisme, où sous les apparences de la phraséologie révolutionnaire, on réhabilitait en fait la vieille pensée de l’extrême droite française, celle de Barrès, de Maurras, de Daudet fils, de Drieu La Rochelle. »

Fils de général, Hallier était fortement suspecté d’avoir sympathisé avec l’OAS avant 1968, mais cela ne gêna pas ses amis maoïstes après Mai.

Il publia un livre d’Alain de Benoist tout en affirmant ne pas partager les positions de la Nouvelle Droite (on remarquera que le système de défense des intellectuels fascistes ou fascisants est toujours le même : c’est au nom de la liberté d’expression qu’ils propagent des idées réactionnaires ou défendent le droit de certains à les exprimer). La liste des collaborateurs de l’Idiot International est édifiante : Patrick Besson, Marc-Édouard Nabe, Gabriel Matzneff, Jean Dutourd, Michel Déon, Jacques Laurent, Jean Cau, Philippe Sollers, Philippe Muray, Thierry Séchan, Michel Houellebecq, Edouard Limonov, Jacques Vergès, Alain de Benoist, Alain Soral, etc.

On retrouve là une pléiade d’écrivains ou d’individus qui se sont signalés par leurs propos réactionnaires ou antisémites, à un moment ou un autre depuis 30 ans, et/ou ont soutenu Milosevic. Quelques jeunes écrivains arrivistes qui sont devenus célèbres ensuite, genre Beigbeder, Nabe ou Houellebecq.

Et aussi quelques types « de gauche » comme Marc Cohen (PCF) ou Gilbert Mury (fondateur du PCMLF maoïste).

source antifa, mondialisme.org, Les Enragés, confusionnisme.info